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mes dans cette ville, nous fûmes témoins de quantité de fêtes ; mais ces réjouissances barbares, et les offres par lesquelles on s’efforça de nous retenir à la cour ne nous firent pas manquer l’occasion d’un vaisseau qui partait pour les côtes de la Chine, d’où nous comptions pouvoir retourner facilement à Malacca. Nous mîmes à la voile le 12 janvier 1546, avec une extrême satisfaction d’être échappés à de si longues infortunes. Le nécoda, ou le capitaine de notre bord, avait ordre de nous traiter humainement et de favoriser toutes nos vues. Il employa sept jours à sortir de la rivière, qui a plus d’une lieue de largeur, et qui s’allonge par un grand nombre de détours. Nous observâmes sur ces deux rivières quantité de grands bourgs et plusieurs belles villes. La somptuosité des édifices, surtout celle des temples, dont les clochers étaient couverts d’or, et la multitude des vaisseaux et des barques qui paraissaient chargés de toutes sortes de provisions et de marchandises, nous donnèrent une haute idée de l’opulence du pays.

» Nous sortîmes enfin de la rivière, et treize jours de navigation nous firent arriver à l’île de Sancian, où les vaisseaux de Malacca relâchaient souvent dans leur passage ; mais les derniers étaient partis depuis neuf jours. Il nous restait quelque espérance dans le port de Lampacan, qui n’est que sept lieues plus loin. Nous y trouvâmes en effet deux jonques