Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/130

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vint si vive, qu’elle nous arrêta long-temps : ses questions étaient spirituelles ; elle raisonnait juste sur nos réponses ; et dans la satisfaction qu’elle en reçut, elle déclara « que nous avions été nourris parmi des peuples plus éclairés que les Tartares. » Enfin, nous ayant congédiés avec des remercimens fort civils, elle nous fit donner cent taëls.

» Arrivés à Fanaugrem, chez le roi de Cochinchine, l’ambassadeur lui parla de nous suivant ses instructions. La prière qu’il lui fit au nom du khan, de nous accorder les moyens de retourner dans notre patrie, fut reçue avec d’autant plus de bonté, qu’elle ne l’engageait qu’à nous faire conduire dans quelque port où nous eussions l’espérance de trouver un vaisseau portugais. Nous fîmes avec lui le voyage d’Uzangay. Il arriva le neuvième jour à Lingator, ville située sur une large et profonde rivière, où les vaisseaux se rassemblent en grand nombre. Son amusement dans cette route était la chasse, surtout celle des oiseaux, que ses officiers tenaient prêts dans les lieux de son passage. Il s’arrêtait peu, et souvent il passait la nuit dans une tente qu’il se faisait dresser au milieu des bois. En arrivant à la rivière de Baguetor, une des trois qui sortent du lac Famstir en Tartarie, il continua le voyage par eau jusqu’à Natibasoï, grande ville où il descendit sans aucune pompe pour achever le reste du chemin par terre.

» Pendant un mois entier que nous passâ-