Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/143

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plutôt un bonze qui administrait les sacrifices au peuple, ou du moins quelque grand capitaine qui avait couru long-temps les mers. » Le roi parut si satisfait, qu’en imposant silence à tout le monde, et déclarant qu’il voulait être seul à m’interroger, il assura qu’il ne sentait plus aucune douleur. Le reine et les princesses ses filles, qui étaient assises près du lit royal, se mirent à genoux pour exprimer leur satisfaction. Elles remercièrent le ciel, en levant les mains et les yeux, des grâces qu’il accordait au royaume de Bungo.

» Alors le roi, m’ayant fait approcher plus près de sa tête, me pria de ne pas m’ennuyer de cette situation, parce qu’il souhaitait de me voir et de me parler souvent. Il me demanda si dans mon pays ou dans mes voyages je n’avais pas appris quelque remède pour sa maladie, surtout pour un fâcheux dégoût qui ne lui avait pas permis de manger depuis deux mois. Je me souvins que, dans la jonque d’où j’étais arrivé à Tanixuma, j’avais vu guérir diverses maladies par l’infusion d’un bois de la Chine, dont j’avais admiré la vertu. Ce secours que je lui proposai, et qu’il envoya demander sur-le-champ au nautaquin, répondit si parfaitement à mes espérances, que dans l’espace de trente jours il fut guéri de tous ses maux, dont le principal était une espèce de paralysie qui lui ôtait depuis deux ans le mouvement des bras. Après un service de cette importance, je me vis presqu’au même degré de faveur dans