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cette cour que Zeimoto à celle du nautaquin. Mon seul embarras était de répondre à mille questions bizarres qu’on me proposait continuellement ; mais j’étais soulagé par la facilité avec laquelle on se contentait de mes plus frivoles explications. J’employais le reste du temps à m’instruire des usages du pays, à visiter les édifices ou à me donner le spectacle des fêtes et des amusemens. Le nautaquin ayant envoyé au roi quelques arquebuses de la fabrique de son île, l’impatience que tout le monde eut bientôt d’apprendre à en tirer augmenta beaucoup mon crédit. Sans avoir l’habileté de Zeimoto, je m’attirai de l’admiration en tuant quelques petits oiseaux, et je fis valoir particulièrement mes connaissances pour la composition de la poudre. Les premiers seigneurs de la cour prenaient des leçons de moi : j’exagérais la nécessité de mon secours, et je n’accordais de la poudre aux plus empressés qu’avec beaucoup de ménagement. Mais cette conduite, quoique aussi sage en elle-même qu’utile au soutien de ma fortune, pensa devenir l’occasion de ma ruine.

» Un des fils du roi nommé Arichaudono, âgé de seize à dix-sept ans, m’ayant prié de lui apprendre à tirer, je différais de jour en jour à le satisfaire, dans la seule vue de lui faire attacher plus de prix à mes services. Cependant le roi son père, à qui il fit quelques plaintes de ce délai, me demanda plus de complaisance pour un fils qu’il aimait fort tendre-