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les principales de la ville, fut envoyée par la fille du mandarin de Comanilau, gouverneur de l’île de Banca, qui est au sud de Lequios. On fit tomber le choix sur elle, parce qu’elle était nièce de la première dame d’honneur de la reine. Elle partit pour Bintor, où le roi faisait sa résidence, à six lieues de Pungor, accompagnée de deux de ses frères et de plusieurs gentilshommes de la première distinction.

» Nous fûmes avertis du secours que la Providence nous avait donné, et nous ne cessâmes point de prier le ciel pour le succès d’un voyage auquel notre vie ou notre mort étaient attachées. Le roi se laissa fléchir à l’occasion d’un songe qui l’avait disposé à recevoir les sollicitations de la reine-mère. Les lettres de grâces arrivèrent à Pungor le jour marqué pour le supplice. Elles nous furent apportées par le broquen même, qui avait toujours gémi de l’injustice de notre sentence, et qui parut presque aussi sensible que nous à cette heureuse révolution. Il nous mena dans son propre palais, où toutes les dames de la ville vinrent se réjouir de leur ouvrage, et s’en crurent bien payées par nos remercîmens. Pendant quarante-six jours que nous passâmes encore dans l’île pour attendre l’occasion de la quitter, elles se disputèrent le plaisir de nous traiter dans leurs maisons, et nous y reçûmes tout ce dont nous avions besoin avec tant d’abondance, que nous emportâmes chacun la