Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/164

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des vœux impuissans, il réduisit les siens à me prier de le prendre avec moi, dans la seule vue de mettre du moins son salut à couvert ; et pour récompense, il m’offrit de me servir le reste de ses jours en qualité d’esclave.

» Mon cœur ne résista point à ce discours. Je lui recommandai de ne pas faire connaître sa religion devant le nécoda, qui était mahométan comme son ennemi ; et m’étant informé de toutes les circonstances qui pouvaient faciliter un dessein que le ciel m’inspira, je représentai si vivement à Mahmoud combien il lui serait glorieux de rétablir un prince infortuné, et quel mérite il se ferait aux yeux du gouverneur en servant un ami des Portugais qu’il ne m’opposa que les difficultés d’une si grande entreprise. J’étais armé contre cette objection. D’ailleurs son fils, qui avait été nourri parmi les Portugais de Malacca, s’offrit à vérifier par ses jeux les forces de l’usurpateur. Nous disposâmes Mahmoud à faire une descente avec toutes les siennes, qui consistaient en quatre-vingts hommes bien armés.

» Nous descendîmes au rivage à deux heures après minuit. Le fils du nécoda, conduit par le prince détrôné, n’eut pas de peine à se saisir de quelques insulaires qui confirmèrent le récit de leur ancien maître, et qui parurent prêts à nous seconder. Nous recueillîmes de leurs discours que l’île n’était habitée que par des pêcheurs, et nous apprîmes que la garde actuelle de leur nouveau maître n’était que de