Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinquante hommes, mais faibles et si mal pourvus d’armes, que la plupart n’avaient que des bâtons pour leur défense. Un éclaircissement si favorable nous fit négliger les précautions. À la pointe du jour, le fils du nécoda forma l’avant-garde avec quarante hommes, vingt desquels étaient armés d’arquebuses, et les autres de lances et de flèches. Le père suivait avec trente soldats, et portait une enseigne que Pedro de Faria lui avait donnée à son départ, sur laquelle était peinte une croix qui devait servir à le faire reconnaître des vaisseaux de notre nation pour vassal de la couronne portugaise. Nous arrivâmes dans cet ordre au pied d’une mauvaise enceinte de bamboux qui couvrait quelques cabanes, auxquelles on donnait le nom de palais où de château. Les ennemis se présentèrent avec de grands cris qui semblaient nous annoncer une forte résistance ; mais la vue d’un fauconneau dont nous nous étions pourvus, et le bruit de quelques coups d’arquebuse leur firent prendre aussitôt la fuite. Nous les poursuivîmes jusqu’au sommet d’une colline, où nous jugeâmes qu’ils ne s’étaient arrêtés que pour combattre avec plus d’avantage. Leur intention, au contraire, était de composer pour leur vie ; mais, apprenant qu’ils étaient les principaux partisans de l’usurpateur, nous les tuâmes à coups d’arquebuses et de lances, sans en excepter plus de trois, qui se firent connaître pour chrétiens. De là nous descendîmes dans un village composé de ca-