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de son beau-frère. Je partis dans les plus douces espérances. Le septième jour de notre navigation, étant à la vue de l’île de Timan, qui est à la distance d’environ quatre-vingt-dix lieues de Malacca, et à dix ou douze lieues de l’embouchure du Pan, nous entendîmes sur mer, avant le lever du soleil, de grandes plaintes, dont l’obscurité ne nous permit pas de connaître la cause. J’en fus tellement touché, que je fis mettre la voile au vent, et tourner, avec le secours des rames, vers le lieu d’où elles paraissaient partir, en baissant tous les yeux pour voir et entendre plus facilement. Après avoir continué long-temps nos observations, nous découvrîmes fort loin de nous quelque chose de noir qui flottait sur l’eau. Il nous était impossible de distinguer ce qui commençait à frapper nos yeux. Nous n’étions que quatre Portugais dans la lanchare, et les avis n’en furent pas moins partagés. On me représentait qu’au lieu de m’arrêter à des recherches dangereuses, je ne devais penser qu’à suivre les ordres du gouverneur. Mais n’ayant pu me rendre à ces timides conseils, et me croyant autorisé par ma commission à faire respecter mes ordres, je persistai dans la résolution d’approfondir un événement si singulier. Enfin les premiers rayons du jour nous firent apercevoir plusieurs personnes qui flottaient sur des planches. L’effroi de mes compagnons faisant place alors à la pitié, ils furent les premiers à faire tourner la proue vers ces