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faisaient des cordons, des tresses, des bagues, des bracelets, que les dévots achetaient pour les emporter comme de précieux gages de la faveur du ciel.

» On nous conduisit ensuite aux grottes des ermites ou des pénitens, qui étaient au fond d’un bois, à quelque distance de la colline du temple. Elles étaient taillées dans le roc à pointe de marteau, et toutes par ordre, avec tant d’habileté, qu’elles semblaient l’ouvrage de la nature plutôt, que de la main des hommes. Nous en comptâmes cent quarante-deux. Les ermites, qui habitaient les premières, avaient de longues robes, à la manière des bonzes du Japon, et suivaient la loi d’une divinité qui, ayant passé autrefois par la condition humaine, sous le nom de Situmpor Michai, avait ordonné pendant sa vie, à ses sectateurs, de pratiquer de grandes austérités. On nous dit que leur seule nourriture était des herbes cuites et des fruits sauvages. Dans d’autres grottes nous vîmes des sectateurs d’Anghematour, divinité plus austère encore, qui ne vivaient que de mouches, de fourmis, de scorpions et d’araignées, assaisonnés d’un jus de certaines herbes. Ils méditent jour et nuit, les yeux levés vers le ciel et les deux poings fermés, pour exprimer le mépris qu’ils portent aux biens du monde. D’autres passent leur vie à crier nuit et jour, dans les montagnes, Godomem, qui est le nom de leur fondateur, et ne cessent qu’en perdant haleine par