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d’agir ou de se montrer les armes à la main, l’ennemi, consterné de sa perte, tandis qu’il croyait encore nous voir toutes nos forces, se rendit en demandant la vie pour unique grâce. Nous retournâmes triomphans à Patane avec un butin qui ne passa que pour le juste dédommagement des cinquante mille ducats de don Pédro, mais qui montait à plus de deux cent mille taëls, c’est-à-dire à trois cent mille ducats de notre monnaie. Le roi de Patane exigea seulement que les trois jonques fussent rendues à leurs capitaines ; et nous lui donnâmes volontiers cette marque de reconnaissance et de soumission.

» Peu de temps après, on vit arriver à Patane une fuste commandée par Antonio de Faria Sousa, parent du gouverneur de Malacca, qui venait de sa part avec une lettre et des présens considérables, sous prétexte de remercier le roi de la protection qu’il accordait à la nation portugaise, mais au fond pour achever dans ses états l’établissement de notre commerce. Antonio Faria, dont le nom est devenu célèbre par ses fureurs autant que par ses exploits, était un gentilhomme sans fortune qui était venu la chercher aux Indes sous la protection d’un homme de son sang et de son nom ; il apportait à Patane pour dix ou douze mille écus de drap et de toiles des Indes, qu’il avait pris à crédit de quelques marchands de Malacca. Cette espèce de marchandise ne lui promettant pas beaucoup de