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profit dans cette cour, on lui conseilla de l’envoyer à Légor, grande ville de la dépendance du royaume de Siam, où l’on publiait qu’à l’occasion de l’hommage que quatorze rois y devaient rendre à celui de Siam, il s’était assemblé une prodigieuse quantité de jonques et de marchands. Faria choisit pour son facteur un Portugais, nommé Christophe Borralho, qui entendait parfaitement le commerce, et lui confia ses marchandises dans un petit vaisseau qu’il loua au port de Patane. Seize autres Portugais, soldats et marchands, s’embarquèrent avec Borralho, dans l’espérance qu’un écu leur en rapporterait six ou sept. Je me laissai vaincre aussi par ces magnifiques promesses, et je m’engageai dans ce fatal voyage. Nous partîmes avec un vent favorable, et étant arrivés en trois jours dans la rade de Légor, nous mouillâmes à l’entrée de la rivière pour y prendre des informations. On nous assura qu’en effet il se trouvait déjà dans le port de cette ville plus de quinze cents bâtimens, tous chargés de précieuses marchandises.

» Nous étions à dîner, dans la joie d’une si bonne nouvelle, et prêts à faire voile avant la fin du jour, lorsque nous vîmes sortir de la rivière une grande jonque, qui, nous ayant reconnus pour des Portugais, se laissa dériver sur nous sans aucune apparence d’hostilité, et nous jeta aussitôt des grapins attachés à deux longues chaînes de fer. À peine fûmes-nous ac-