Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/236

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fruits rendent dans leur fraîcheur. On mangeait les plus vieux, dont le noyau était plus dur. Cette liqueur nous parut un agréable breuvage, et n’aurait produit que des effets salutaires, si nous en eussions usé avec modération ; mais tout le monde en ayant pris à l’excès, nous sentîmes dès le même jour des douleurs et des tranchées insupportables, qui nous forcèrent de nous ensevelir dans le sable les uns près des autres. Elles ne finirent que par de grandes évacuations, qui rétablirent le lendemain notre santé. On fit le tour de l’île sans trouver la moindre apparence d’habitation, quoique diverses traces fissent assez connaître qu’il y était venu des hommes. Elle ne produit que des cocos. Quelques matelots virent un serpent qui leur parut épais d’une brasse. Après avoir rempli notre chaloupe de cocos vieux et frais, nous levâmes l’ancre vers le soir, et nous gouvernâmes sur l’île de Sumatra, dont nous eûmes la vue dès le lendemain. Celle que nous quittions en est à quatorze ou quinze lieues. Nous côtoyâmes les terres de Sumatra vers l’est aussi long-temps qu’il nous resta des provisions. La nécessité nous forçant alors de descendre, nous rasâmes la côte sans pouvoir traverser les brisans. Dans l’embarras où nous étions menacés de retomber, il fut résolu que quatre ou cinq des meilleurs nageurs tâcheraient de se rendre à terre pour chercher le long du rivage quelque endroit où nous pussions aborder. Ils passèrent heureusement à la