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crussions point habitées. On se flattait d’y trouver quelque nourriture. Celle où nous abordâmes était remplie de ces espèces de roseaux qu’on nomme bambous, et qui sont de la grosseur de la jambe. Nous en prîmes plusieurs, dont nous perçâmes les nœuds avec un bâton, à l’exception de celui de dessus ; et les remplissant d’eau douce comme autant de barils que nous fermâmes avec des bouchons, nous portâmes une bonne provision d’eau douce dans la chaloupe. Il y avait aussi des palmiers, dont la cime était assez molle pour nous servir d’aliment. On parcourut l’île sans y faire d’autres découvertes. Un jour me trouvant au pied d’une assez haute montagne, je ne pus résister à l’envie de monter au sommet, dans l’espérance vague de faire quelque observation qui put être utile à nous conduire. Nous cherchions les lieux où les Hollandais étaient établis. Il me semblait que ce soin me regardait particulièrement, et que tous nos gens avaient les yeux tournés sur moi. Cependant, outre les maux qui m’étaient communs avec eux, je n’étais jamais venu aux Indes orientales, et n’ayant ni boussole ni d’autres instrumens de mer, je ne me trouvais capable de rien pour notre conservation.

» Lorsque je fus au sommet de la montagne, mes regards se perdirent dans l’immense étendue du ciel et de la mer. Je me jetai à genoux, le cœur plein d’amertume, et j’adressai ma prière au ciel avec des soupirs et des gémisse-