Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/251

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cours des étoiles. Vers minuit nous aperçûmes du feu : on s’imagina d’abord que c’était le feu de quelque vaisseau, et que ce devait être une caraque ; mais, en approchant, nous reconnûmes que c’était une petite île du détroit de la Sonde. Après en avoir doublé la pointe, nous vîmes un autre feu de l’autre côté, et diverses marques nous firent distinguer que c’étaient dés pêcheurs. Le lendemain, à la pointe du jour, nous fûmes arrêtés par un calme. Nous étions sans le savoir sur la côte interne de Java. Un matelot étant monté au haut du mât cria aussitôt qu’il découvrait un gros de vaisseaux ; il en compta jusqu’à vingt-trois. Notre joie nous fit faire des cris et des sauts ; on se hâta de border les avirons à cause du calme, et l’on nagea droit vers cette flotte. C’était un nouvel effet de la protection du ciel, car autrement nous serions allés nous jeter à Bantam, où nous n’avions rien de favorable à nous promettre, parce que le roi de cette contrée était en guerre avec notre nation ; au lieu que, par une faveur admirable de la Providence, nous allâmes tomber entre les bras de nos compatriotes et de nos amis.

» Ces vingt-trois vaisseaux étaient hollandais, sous le commandement de Frédéric Houtman d’Alkmaar. Il se trouvait alors dans sa galerie, d’où il nous observait avec sa lunette d’approche, surpris de la singularité de nos voiles, et cherchant l’explication d’un spectacle si nouveau. Il envoya sa chaloupe