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heur dans ses courses. S’il n’a pas de victimes qu’il puisse encore immoler, il attend pour cet exécrable sacrifice qu’il lui tombe quelques chrétiens entre les mains. Comme les Portugais sont la première nation de l’Europe qui ait formé des établîssemens aux Indes, c’est aussi celle qui a le plus souvent éprouvé la cruauté des mahométans du Malabar. Les gouverneurs de Goa en ont pris occasion d’armer tous les ans un certain nombre de galiotes qui font une guerre continuelle à ces ennemis du repos public. Ceux dont on peut se saisir sont conduits à Goa, et condamnés à ramer sur les galères, ou à d’autres travaux. Mais les pirates malabares ne sont pas plus sensibles au malheur de leurs amis qui sont esclaves des Portugais qu’à la misère des chrétiens qu’ils retiennent dans les fers.

Ces mahométans du Malabar sont assujettis à toutes les lois du pays qui ne sont pas directement opposées aux maximes fondamentales de leur secte. L’exercice de leur culte ne leur est permis que dans l’enceinte de leurs bazars. Ils y ont peu de mosquées, et la plupart sont mal entretenues. En un mot, les devoirs de la religion et de l’humanité les touchent moins que la passion de s’enrichir par des voies indignes de l’une et de l’autre.

Les Gentous formant le corps de la nation, non-seulement parce qu’ils sont les habitans originaires, mais parce que leur nombre excède beaucoup celui des mahométans, on les divise