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res qu’autant qu’ils se plaisent mutuellement. Aussitôt que leur amour se ralentit, ou qu’il naît entre eux quelque autre raison de dégoût, ils se séparent sans querelles et sans plaintes. Le gage ordinaire de la loi conjugale est une pièce de toile blanche dont le mari fait présent à sa femme, et qu’elle emploie pour se couvrir. Il n’est pas moins libre aux hommes de quitter une femme qu’aux femmes de changer de mari, ou d’en prendre un nouveau, qu’elles joignent au premier. Malgré cette étrange liberté, on voit au Malabar quantité d’heureux mariages. Il n’est pas rare d’y voir durer l’amour aussi long-temps que la vie, ou de ne le voir finir que par des raisons assez fortes pour justifier l’inconstance.

Quoique les femmes aient souvent plusieurs maris, la plupart des hommes n’ont qu’une seule femme. Celles qui se voient sans bien cherchent à réparer leur fortune en s’attachant un grand nombre d’hommes, dont chacun s’efforce de contribuer à leur entretien. Il paraît certain que c’est de ce droit des femmes qu’est venu l’usage de ranger les enfans dans la tribu de leurs mères. À quelle autre tribu appartiendraient-ils, lorsqu’ils n’ont aucune règle pour distinguer leur père ? C’est apparemment la même raison qui fait passer l’héritage aux neveux du côté des sœurs, c’est-à-dire aux descendans des femmes, parce qu’il n’y a jamais aucun doute qu’ils ne soient du véritable sang. Les mahométans du Malabar