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de Tilscéry. Il refusait tout autre aliment que de la chair crue. Quoiqu’il fût lié d’une chaîne assez forte, il s’échappa deux fois. On le reprit la première, et son maître en reçut une blessure considérable à la main. La seconde fois il disparut entièrement ; mais il ne laissa point de se tenir caché long-temps aux environs du comptoir, où il faisait une guerre cruelle à la volaille. Pendant qu’il était à la chaîne, il avait l’adresse de répandre une partie du riz qu’on lui présentait, aussi loin qu’il pouvait dans sa situation. Cette amorce attirait les poules et les canes. Il feignait de dormir pour leur donner la facilité de s’approcher ; et s’élançant dessus tout d’un coup, il ne manquait pas d’en étrangler quelques-unes.

Les léopards sont les plus communs de ces animaux. Ils causent beaucoup de ravage dans toutes les parties du Malabar, et la soif du sang leur fait attaquer indifféremment les hommes et les bestiaux. On leur fait une guerre ouverte. Les rois excitent leurs sujets à cette dangereuse chasse par différens degrés de récompense. Celui qui a délivré le pays d’un léopard dans un combat singulier, sans autres armes que l’épée ou la flèche, reçoit un bracelet d’or, qui passe pour une marque d’honneur aussi distinguée que nos ordres de chevalerie. Ceux qui remportent la même victoire à coups de mousquet, ou qui ont employé le secours d’autrui, ne sont récompensés que par une somme d’argent.