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Le tigre véritable est de la grandeur d’un cheval, et par conséquent plus dangereux que les précédens, avec la même férocité. L’espèce en est moins nombreuse. Dellon, qui ne vit pas sans frayeur la peau d’un de ces redoutables monstres, rend témoignage qu’on en aurait pu couvrir un lit carré de six pieds. Ils sont plus communs au nord de Goa. L’expérience a fait connaître que, lorsqu’on rencontre un tigre, si l’on est armé d’un fusil ou d’un pistolet, le parti le plus sage est de tirer en l’air, à moins qu’on ne se croie sûr de le tuer ou de l’abattre. Le bruit l’étonne et le met en fuite ; au lieu que, s’il est seulement blessé, la douleur de sa plaie le rend plus terrible. On assure aussi que la vue du feu écarte les tigres.

Les buffles sauvages sont en beaucoup plus grand nombre au Malabar que dans tout autre pays du monde. Ses habitans en font peu d’usage et n’en mangent point la chair ; mais ils permettent aux étrangers de les prendre ou de les tuer. On fait de leur peau des souliers, des bottes, des rondaches, des outres, et une sorte de grandes cruches garnies intérieurement d’osier, dans lesquelles on conserve et l’on transporte les denrées molles ou liquides.

La civette se trouve au Malabar. Il se fait un commerce fort considérable, dans le royaume de Calicut, de la substance odorante qu’on en retire. Les singes, dont le nombre et la va-