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et de la mère fut aussi grand que leur douleur. On n’osait irriter la couleuvre, de peur qu’avec ses dents elle ne coupât l’enfant en deux, ou qu’elle n’achevât de l’engloutir. Enfin, de plusieurs expédiens, on préféra celui de la couper par le milieu du corps, ce que le plus adroit et le plus hardi exécuta fort heureusement d’un seul coup de sabre. Mais comme elle ne mourut pas d’abord, quoique séparée en deux, elle serra de ses dents le corps de l’enfant, et l’infecta tellement de son venin, qu’il expira peu de momens après.

» Un soir, ajoute Dellon, après avoir soupé, nous entendîmes un chacal qui criait seul proche de notre maison, et d’une manière si extraordinaire, que tout le bruit de nos chiens ne le fit point écarter. Nous fîmes sortir nos gens avec leurs armes, par précaution contre les tigres. Ils trouvèrent qu’une couleuvre avalait le chacal, qu’elle avait apparemment trouvé endormi. Ils la tuèrent et le chacal aussi. Elle n’avait pas plus de dix pieds de long. »

Schouten donne à ces monstres affamés le nom de polpogs. « Ils ont, dit-il, la tête affreuse et presque semblable à celle du sanglier. Leur gueule et leur gosier s’ouvrent jusqu’à l’estomac lorsqu’ils voient une grosse pièce à dévorer. Leur avidité doit être extrême, car ils s’étranglent ordinairement lorsqu’ils dévorent un homme ou quelque autre animal. On prétend d’ailleurs que l’espèce n’en est pas venimeuse. Il est vrai que nos soldats, pressés de la faim,