Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/295

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longs de quinze à vingt pieds, et si gros, qu’ils peuvent avaler un homme. Ils ne passent pas néanmoins pour les plus dangereux, parce que leur monstrueuse grosseur les fait découvrir de loin, et donne plus de facilité à les éviter. On n’en rencontre guère que dans les lieux inhabités. Dellon en vit plusieurs de morts après de grandes inondations, qui les avaient fait périr et qui les avaient entraînés dans les campagnes ou sur le rivage de la mer. À quelque distance, on les aurait pris pour des troncs abattus et desséchés. Mais il les peint beaucoup mieux dans le récit d’un accident, dont on ne peut douter sur son témoignage, et qui confirme ce qu’on a lu dans d’autres relations sur la voracité de quelques serpens des Indes.

« Pendant la récolte du riz, quelques chrétiens qui avaient été idolâtres, étant allés travailler à la terre, un jeune enfant qu’ils avaient laissé seul à la maison en sortit pour s’aller coucher, à quelques pas de la porte, sur des feuilles de palmier, où il s’endormit jusqu’au soir. Ses parens, qui revinrent fatigués du travail, le virent dans cet état ; mais, ne pensant qu’à préparer leur nourriture, ils attendirent qu’elle fût prête pour aller l’éveiller. Bientôt ils lui entendirent pousser des cris à demi étouffés, qu’ils attribuèrent à son indisposition. Cependant, comme il continuait de se plaindre, quelqu’un sortit, et vit en s’approchant qu’une de ces grosses couleuvres avait commencé à l’avaler. L’embarras du père