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contre ceux qui seraient maîtres de l’île. Elle avait dans son origine de bonnes portes et des murs plus hauts et plus épais ; mais, s’étant fort accrue pendant les années florissantes du règne de ses habitans dans les Indes, ses anciennes défenses sont devenues presque inutiles. Aussi toute la confiance des Portugais est-elle dans la difficulté des passages.

La grande porte de la ville est ornée avec beaucoup de magnificence. Ce sont des peintures qui représentent les guerres des Portugais dans les Indes, des trophées d’armes ; surtout une belle statue dorée, qui est celle de sainte Catherine, patronne de Goa, parce que ce fut le jour de sa fête que les Portugais se rendirent maîtres de l’île.

La rue Drécha est un marché perpétuel où l’on trouve toutes sortes de marchandises de l’Europe et de l’Inde. C’est là que tous les ordres de la ville se rassemblent et se mêlent indifféremment pour vendre ou acheter. On y fait les changes et les encans ; on y vend les esclaves ; et dans une ville où le commerce est si florissant, il n’y a personne qui n’ait journellement quelque intérêt à ce qui s’y passe. La foule est si serrée, que tout le monde y portant de grands chapeaux nommés sombreros, dont le diamètre est au moins de six ou sept pieds, et qui servent également à défendre de la chaleur et de la pluie, il semble, de la manière dont ils s’entre-touchent, qu’ils ne fassent qu’une seule couverture. Les esclaves ne