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même sort ; et qu’ayant pris tous ses hommes de guerre dans les trois barques, il n’avait laissé dans sa jonque que trente matelots chinois. Faria, qui n’ignorait pas le malheur de Mello, remercia le ciel de l’avoir choisi pour le venger. Il fit sauter sur-le-champ la cervelle à Similau avec un frontail de cordes, supplice qui avait été celui de Mello. Ensuite s’étant mis avec trente soldats dans les mêmes barques où l’ennemi était venu, il se rendit à bord de la jonque, dont il n’eut pas de peine à se saisir. Quelques pots à feu qu’il fit jeter sur le tillac firent sauter tous les matelots dans la mer ; mais le besoin qu’il avait d’eux pour la manœuvre l’obligea d’en sauver une partie. Dans l’inventaire de cette prise, qu’il fit faire le matin, il se trouva trente-six mille taëls d’argent du Japon, qui valent cinquante mille ducats de monnaie portugaise, avec plusieurs sortes de marchandises. Quantité de feux qui étaient allumés sur la côte, nous faisant juger que les habitans se disposaient peut-être à nous attaquer, nous ne pensâmes qu’à faire voile en diligence.

» On nous avait appris que si Coja-Acem exerçait le commerce, c’était dans l’île d’Aynan qu’il le fallait chercher, parce que tous les vaisseaux marchands s’y rassemblaient dans cette saison. Nous allâmes droit à l’île d’Aynan, où, passant l’écueil de Poulo-Capas, nous commençâmes à ranger la terre, dans la seule vue de reconnaître les ports et les rivières de