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cette côte. Quelques soldats qui furent envoyés à terre sous la conduite de Borralho rapportèrent qu’ayant pénétré jusqu’à la ville, qui leur avait paru composée de plus de dix mille maisons, et revêtue de murs avec un fossé plein d’eau, ils avaient vu dans le port un si grand nombre de navires, qu’ils en avaient compté jusqu’à deux mille. À leur retour, ils découvrirent à l’embouchure de la rivière une grosse jonque à l’ancre, qu’ils crurent reconnaître pour celle de Coja-Acem. Cette conjecture, qu’ils se hâtèrent d’apporter à Faria, lui causa tant de satisfaction, que, sans perdre un moment, et laissant son ancre en mer, il donna ordre de mettre à la voile, en répétant que son cœur l’avertissait qu’il touchait à l’heure de la vengeance.

» Nous nous approchâmes de la jonque avec une tranquillité qui nous fit passer pour des marchands. Outre le dessein de tromper notre ennemi par les apparences, nous appréhendions d’être entendus de la ville, et de voir tomber sur nous tous les navires qui étaient dans le port. Aussitôt que nous fûmes près du bord de l’Indien, vingt de nos soldats, qui n’attendaient que cet instant, y sautèrent avec une impétuosité qui leur épargna la peine de combattre. La plupart de nos ennemis, effrayés de ce premier mouvement, se jetèrent dans les flots. Cependant quelques-uns des plus braves se rassemblèrent pour faire tête. Mais Faria, suivant aussitôt avec vingt autres sol-