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pieds, pour en dicter les réponses à ses secrétaires. Lui-même il en faisait quelques-unes. Lorsque les secrétaires avaient achevé d’écrire, il leur faisait lire leurs lettres. Ensuite il y appliquait son cachet de sa propre main ; et c’était lui-même aussi qui les donnait aux messagers qui devaient les porter. Aux Indes, suivant la remarque de Tavernier, toutes les lettres que les rois, les généraux d’armée et les gouverneurs de provinces envoient par des gens de pied, arrivent beaucoup plus vite que par d’autres voies. On rencontre de deux en deux lieues de petites cabanes où demeurent constamment deux ou trois hommes gagés pour courir. Le messager, qui arrive hors d’haleine, jette sa lettre à l’entrée. Un des autres la ramasse, et se met à courir aussitôt. Ajoutez qu’aux Indes, la plupart des chemins sont comme des allées d’arbres, et que ceux qui sont sans arbres ont, de cinq en cinq cents pas, de petits monceaux de pierres que les habitans des villages voisins sont obligés de blanchir, afin que dans les nuits obscures et pluvieuses ces courriers puissent distinguer leur route.

Pendant que Tavernier était dans la tente, on vint avertir le nabab qu’on avait amené quatre criminels à sa porte. L’usage du pays ne permet pas de les garder long-temps en prison. La sentence suit de près la conviction du crime. Mirghimola, sans rien répondre, continua d’écrire et de faire écrire ses secrétaires ; ensuite il ordonna tout d’un coup qu’on lui ame-