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tous ces enfans font la somme de ce qu’ils ont acheté. Ils regardent leurs pierres, et les mettent à part, suivant leur eau, leur poids, et leur netteté. Ils mettent le prix sur chacune, à peu près comme elles pourraient se vendre aux étrangers. Ensuite ils les portent aux maîtres, qui ont toujours quantité de parties à assortir, et tout le profit se partage entre ces jeunes marchands, avec cette seule différence, que le chef ou le plus âgé prend un quart pour cent de plus que les autres. Ils connaissent si parfaitement le prix de toutes sortes de pierres, que, si l’un d’eux, après en avoir acheté une, veut perdre demi pour cent, un autre est prêt à lui rendre aussitôt son argent.

Un jour, sur le soir, Tavernier reçut la visite d’un homme fort mal vêtu. Il n’avait qu’une ceinture autour du corps et un méchant mouchoir sur la tête. Après quelques civilités, il fit demander à Tavernier, par son interprète, s’il voulait acheter quelques rubis ; et tirant de sa ceinture quantité de petits linges, il en fit sortir une vingtaine de petites pierres. Tavernier en acheta quelques-unes, et ne fit pas difficulté de les payer un peu au-delà de leur prix, parce, qu’il jugea qu’on n’était pas venu le trouver sans avoir quelque chose de plus précieux à lui offrir. En effet, l’Indien l’ayant prié d’écarter ses gens, ne se vit pas plus tôt seul avec l’interprète et lui, qu’il ôta le mouchoir sous lequel ses cheveux étaient liés. Il en tira un petit linge qui con-