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ciers furent tués ou foulés aux pieds par les éléphans, qui enfonçaient dans la boue jusqu’à la moitié des jambes. Il était tombé la nuit précédente une grande pluie qui avait détrempé la terre. Plusieurs guerriers, qui étaient de ce combat, assurèrent que jamais champ de bataille n’avait présenté un plus affreux spectacle de chevaux, de chameaux et d’éléphans blessés et furieux, mêlés, renversés avec les officiers et les soldats, jetant d’horribles cris, faisant de vains efforts pour se dégager des bourbiers sanglans où ils étaient enfoncés, achevant d’étouffer ou d’écraser les soldats qui n’avaient pas la force de se retirer.

Gityzor-Khan, général de l’armée mogole, qui avait rendu d’importans services à la compagnie, fut blessé de cinq coups de fusil et d’un coup de fronde qui lui creva un œil, et le renversa de dessus son éléphant. On doit faire observer qu’une décharge de frondes par le bras des Marattes est aussi redoutable que la plus violente mousqueterie. Les domestiques de Gityzor, l’ayant vu tomber, l’emportèrent avant la fin du combat dans un bois voisin, et ne pensèrent qu’à s’éloigner de l’ennemi. Après dix ou douze jours de marche, ils arrivèrent à Alamparvé, qui se nomme aussi Jorobandel, à sept ou huit lieues de Pondichéry. Les principales blessures de leur maître étaient un coup de fusil qui lui avait coupé la moitié de la langue et fracassé la moitié de la mâchoire ; un autre qui pénétrait dans la poitrine, et trois