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de grains et de bagages. Tous les marchands indiens de la ville et des lieux voisins qui avaient des effets considérables à Arcate et dans les terres, s’empressaient de les mettre à couvert sous la protection des Français. Le 25 mai, qui était le cinquième jour après la bataille, la veuve du nabab Daoust-Aly-Khan, avec toutes les femmes de sa famille et ses enfans, se présentèrent à la porte de Valdaour, avec des instances pour être reçues dans la ville, où elles apportaient tout ce qu’elles avaient ramassé d’or et d’argent, de pierreries et d’autres richesses.

Cette position était délicate pour les Français ; ils avaient à craindre que les Marattes, informés du lieu où toute la famille du nabab s’était retirée avec tous ses trésors, ne vinssent attaquer Pondichéry. D’un autre côté, ils étaient perdus d’honneur dans les Indes, s’ils avaient fermé leurs portes à cette famille fugitive, qui commandait depuis long-temps dans la province, et qui n’avait jamais cessé de les favoriser. Ajoutons que, la moindre révolution pouvant changer la face des affaires, et faire reprendre aux Marattes le chemin de leur pays, Sabder-Aly-Khan et toute sa race seraient devenus ennemis irréconciliables de ceux qui leur auraient tourné le dos avec la fortune, et n’auraient pensé qu’à la vengeance. Le gouverneur assembla son conseil. Il n’y déguisa pas les raisons qui rendaient la générosité dangereuse ; mais il fit voir avec la même force