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cher un autre port. On se détermina pour Mutipinam, qui est plus éloigné de quarante lieues à l’est, et fréquenté par les marchands de Laos, de Pafuaas et de Gueos.

» Nous fîmes voile avec trois jonques et le premier vaisseau sur lequel nous étions partis de Patane, jusqu’à Tillanumera, où la force des courans nous obligea de mouiller. Après nous y être ennuyés trois jours à l’ancre, la fortune nous y amena vers le soir quatre lantées, espèce de barques à rames, dont l’une portait la fille du gouverneur de Colem, mariée depuis peu au fils d’un seigneur de Pandurée. Elle allait joindre pour la première fois son mari, qui devait venir au-devant d’elle avec un cortége digne de leur rang. Mais ceux qui la conduisaient, ayant pris nos jonques pour celles qu’ils espéraient rencontrer, vinrent tomber entre nos mains. Faria fit cacher tous les Portugais ; la jeune mariée, paraissant elle-même, demandait déjà son mari, lorsque, pour répondre, une troupe de nos gens sautèrent dans les lantées et s’en rendirent les maîtres. Nous fîmes passer aussitôt notre prise à bord. Faria se contenta de retenir la jeune mariée, et deux de ses frères qui étaient jeunes, blancs, et de fort bonne mine, avec vingt matelots, qui nous devinrent fort utiles pour la manœuvre de nos jonques. Sept ou huit hommes qui formaient le cortége, et plusieurs femmes âgées, de celles qui se louent pour chanter et jouer des instrumens, furent laissés sur la