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côte. Le lendemain, étant partis de ce lieu, nous rencontrâmes la petite flotte du seigneur de Pandurée qui passa près de nous avec des bannières de soie, et faisant retentir l’air du bruit des instrumens, sans se défier que nous enlevions sa femme. Dans le dessein où nous étions de nous rendre à Mutipinam, Faria ne jugea point à propos d’arrêter cette troupe joyeuse, et n’avait même été déterminé que par l’occasion à troubler la joie qui régnait aussi dans les lantées.

» Trois jours après, étant arrivés à la vue de ce port, nous mouillâmes sans bruit dans une anse, à l’embouchure de la rivière, pour nous donner le temps d’en faire sonder l’entrée et de prendre des informations pendant la nuit. Douze soldats qui furent envoyés dans une barque, sous la conduite de Martin Dalpoem, nous amenèrent deux hommes du pays qu’ils avaient enlevés avec beaucoup de précaution. Faria défendit d’employer les tourmens pour tirer d’eux les éclaircissemens qui convenaient à notre sûreté. Ils nous apprirent naturellement que tout était tranquille dans le port, et que depuis neuf jours il y était arrivé quantité de marchands des royaumes voisins. Une si belle occasion de nous défaire de nos marchandises nous fit tourner notre reconnaissance vers le ciel. Nous récitâmes avec beaucoup de dévotion les litanies de la Vierge, et nous promîmes de riches présens à Notre-Dame du Mont, qui est proche de Malacca,