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tions, qui devaient nous y avoir fait beaucoup d’ennemis. Cependant deux considérations nous firent passer sur cette crainte : l’une fut celle de nos forces, qui nous mettaient à couvert de la surprise, et qui nous rendaient capables de nous mesurer avec toutes les puissances qui ne seraient pas celles des rois et des mandarins ; l’autre une juste confiance aux motifs de notre général, autant qu’à sa valeur, car son intention n’était que de rendre le change aux corsaires qui avaient ôté la vie et les biens à quantité de chrétiens ; et jusqu’alors toutes nos richesses nous paraissaient bien acquises. Après avoir lutté pendant douze jours contre les vents, nous arrivâmes au cap de Poulo-Hindor, nom indien de l’île des Cocos. De là, étant retournés vers la côte du sud, où nous fîmes quelques nouvelles prises, nous entrâmes dans la rivière le 8 septembre. Le ciel, chargé de nuages depuis trois jours, annonçait une de ces tempêtes qui portent le nom des typhons, et qui sont fréquentes dans ces mers aux nouvelles lunes. Nous vîmes plusieurs jonques qui cherchaient une retraite, et qui mouillaient dans les anses voisines.

» Un fameux corsaire chinois, redouté des marchands sous le nom d’Hinimilau, entra dans la rivière après nous. Sa jonque était grande et fort élevée. En s’approchant du lieu où nous étions à l’ancre, il nous salua suivant l’usage du pays, sans nous avoir reconnus pour des Portugais. Nous le prenions aussi pour un