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spectacle, demanda au corsaire ce qui l’avait pu porter à cette cruauté. Il répondit que c’était une juste punition pour des traîtres qui lui avaient attiré sa disgrâce en se montrant à nous ; et que, pour les enfans, il suffisait qu’ils fussent de race portugaise pour avoir mérité la mort. Ses réponses à d’autres questions ne furent pas moins remplies d’extravagance et de fureur. Il se vanta d’avoir massacré un grand nombre de Portugais avec des circonstances si barbares, qu’elles nous firent lever les mains d’étonnement et d’horreur. L’indignation saisit Faria, qui, sans l’honorer du moindre reproche, le fit tuer à ses yeux. Il trouva dans la jonque, en soie, en étoffes, en musc, en porcelaines, etc., la valeur de quarante mille taëls, dont nous nous vîmes forcés de brûler une partie avec le corps même de la jonque, parce qu’ayant perdu quantité de braves matelots, il nous en restait trop peu pour la gouverner.

» Tant d’exploits commençaient à rendre le nom de Faria si terrible, que les capitaines des jonques qui se trouvaient dans le port de Madel, apprenant bientôt cette dernière victoire, et se croyant menacés de la visite du vainqueur, lui firent offrir vingt mille taëls pour obtenir sa protection. Il reçut fort civilement leurs députés ; et s’engageant par un serment redoutable non-seulement à les épargner, mais à les défendre dans l’occasion contre les corsaires dont ces mers étaient remplies, il