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de nous éloigner à la portée de l’arbalète. Quoiqu’il nous restât peu de crainte à cette distance, nous tirâmes sur eux un fauconneau qui se trouvait dans la lantée ; ils prirent tous la fuite vers le bois, pour y déplorer sans doute leur infortune, comme nous y avions passé quinze jours à pleurer la nôtre.

» Ils n’avaient laissé à bord qu’un vieillard avec un enfant de douze ou treize ans. Notre premier soin fut de visiter les provisions, qui étaient en abondance. Après avoir satisfait notre faim, nous fîmes l’inventaire des marchandises ; elles consistaient en soie torse, en damas et en satins, dont la valeur montait à quatre mille écus ; mais le riz, le sucre, le jambon et les poules nous parurent la plus précieuse partie du butin pour le rétablissement de nos malades, qui étaient en fort grand nombre. Nous apprîmes du vieillard que le bâtiment et sa charge appartenaient au père de l’enfant, qui venait d’acheter ces marchandises à Quouaman pour les aller vendre à Combay ; et qu’ayant eu besoin d’eau, son malheur l’avait amené pour en faire dans l’île des Larrons. Faria s’efforça par ses caresses de consoler le jeune Chinois en lui promettant de le traiter comme son propre fils ; mais il n’en put tirer que des larmes et des marques de mépris pour ses offres.

» Dans un conseil, où tout le monde fut appelé, nous prîmes la résolution de nous rendre à Liampo. Ce port de la Chine était