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à la garde de leur flotte, qu’il nous devint presque impossible de nous entendre. Faria saisit ce moment pour les saluer de toute notre artillerie, qui augmenta le tumulte. Ensuite le jour étant devenu plus clair, pendant qu’on rechargeait les pièces, et que les corsaires nous observaient sur leurs ponts, il fit faire une seconde décharge qui en fit tomber un grand nombre. Cent soixante mousquetaires, qu’il tenait prêts à tirer, ne firent pas feu moins heureusement sur ceux qui s’étaient mis dans des barques pour retourner à leurs jonques. Ce prélude parut leur causer tant d’épouvante, qu’on n’en vit plus paraître un sur les tillacs.

» Alors nos deux jonques les abordèrent avec la même vigueur. La mêlée fut effroyable et se soutint pendant plus d’un quart d’heure, jusqu’au départ de quatre lantées qui se détachèrent du rivage pour venir secourir les corsaires avec des gens frais. À cette vue, un Portugais nommé Diego Meyrelez , qui était dans la jonque de Quiay-Panjam, poussa rudement un canonnier dont il avait remarqué l’ignorance, et pointant lui-même la pièce qui était chargée à cartouches, il y mit le feu avec tant d’habileté ou de bonheur, qu’il coula la première lantée à fond. Du même coup, plusieurs balles qui passèrent par-dessus la première tuèrent le capitaine de la seconde, et six ou sept soldats qui étaient proches de lui. Les deux autres demeurèrent si effrayées de ce spectacle, qu’elles s’efforçaient de retour-