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ses marchandises, n’évita le même sort qu’en abandonnant aux flots quantité de richesses ; et ceux qui furent chargés de ce triste sacrifice apportèrent si peu d’attention au choix, qu’ils jetèrent dans la mer douze grandes caisses pleines de lingots d’argent. Mais rien ne causa plus d’affliction à Fària que la perte d’une lantée qui s’était brisée sur la côte, et dans laquelle il y avait cinq Portugais qui furent enlevés pour l’esclavage par les habitans d’une ville voisine. Tandis qu’il paraissait insensible à la ruine de sa fortune, il ne pouvait se consoler de voir cinq hommes de sa nation dans la misère. Tous ses soins, après la tempête, se tournèrent à les secourir ; et lorsqu’il eut appris que la ville où ils avaient été conduits se nommait Noudaï, et qu’elle n’était pas éloignée du rivage, il promit au ciel d’employer sa vie pour leur rendre la liberté.

» Le reste de ses forces consistait en trois jonques, avec une seule lantée. Il ne balança point à s’engager dans la rivière de Noudaï, où il mouilla vers le soir. Deux petites barques, qui portent sur cette côte le nom de baloès, furent employées à sonder le fond, avec ordre de prendre des informations sur la situation de la ville. Elles lui amenèrent huit hommes et deux femmes, dont elles s’étaient saisies, et qui furent regardés aussitôt comme des otages suffisans pour la sûreté des Portugais : mais la confiance diminua beaucoup lorsque ces dix prisonniers eurent déclaré que les Portugais