Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jonques. Le bruit seul fit tomber une partie de cette cavalerie. Nous continuâmes de marcher, tandis que les uns fuyaient vers le pont de la ville, où leur embarras fut extrême au passage, et que les autres se dispersaient dans les champs voisins. Ceux que nous trouvâmes encore serrés proche du pont essuyèrent une décharge de notre mousqueterie, qui fit mordre la poussière au plus grand nombre, sans qu’un seul eut osé mettre l’épée à la main. Nous approchions de la porte avec un extrême étonnement de la voir si mal défendue ; mais nous y rencontrâmes le mandarin qui sortait à la tête de six cents hommes de pied, monté sur un fort beau cheval, et revêtu d’une cuirasse. Il nous fit tête avec assez de vigueur ; et son exemple animait ses gens, lorsqu’un coup d’arquebuse, tiré par un de nos valets, le frappa au milieu de l’estomac. Sa chute répandit tant de consternation parmi les Chinois, que, chacun ne pensant qu’à fuir, sans avoir la présence d’esprit de fermer les portes, nous les chassâmes devant nous à grands coups de lances comme une troupe de bestiaux. Ils coururent dans ce désordre le long d’une grande rue qui conduisait vers une autre porte, par où nous les vîmes sortir jusqu’au dernier. Faria eut la prudence d’y laisser une partie de sa troupe pour se mettre à couvert de toute sorte de surprise ; tandis que, se faisant conduire à la prison, il alla délivrer de ses propres mains les cinq Portugais qui n’y attendaient que la mort.