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n’ayant pas été moins insultans, Faria, poussé par sa colère autant que par ses promesses, résolut enfin d’attaquer la ville. Il fit la revue de ses soldats, qui montaient encore au nombre de trois cents ; le lendemain, s’étant avancé dans la rivière jusqu’à la vue des murs, il y jeta l’ancre, après avoir arboré le pavillon marchand à la manière des Chinois, pour s’épargner de nouvelles explications. Cependant le doute du succès lui fit écrire une troisième lettre au mandarin, dans laquelle, feignant de n’avoir aucun sujet de plainte, il renouvelait l’offre d’une grosse somme et d’une amitié perpétuelle. Mais le malheureux Chinois qu’il avait employé pour cette députation fût déchiré de coups y et renvoyé avec de nouvelles insultes. Alors nous descendîmes au rivage, et marchâmes vers la ville, sans être effrayés d’une foule de peuple qui faisait voltiger plusieurs étendards sur les murs, et qui paraissait nous braver par ses cris : nous n’étions qu’à deux cents pas des portes lorsque nous en vîmes sortir mille ou douze cents hommes à cheval, qui entreprirent d’escarmoucher autour de nous, dans l’espérance apparemment de nous causer de l’épouvante. Mais nous voyant avancer d’un air ferme, ils se rassemblèrent en un corps entre nous et la ville. Nos jonques avaient ordre de faire jouer l’artillerie au signal que Faria devait leur donner. Aussitôt qu’il vit l’ennemi dans cette posture, il fit tirer tout à la foi et ses mousquetaires et ses