Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étions descendus. Faria marchait le sabre à la main. N’apercevant personne, il heurta deux ou trois fois pour se faire ouvrir. On lui répondit enfin que celui qui frappait à la porte devait faire le tour de l’édifice, et qu’il trouverait une autre entrée. Un Chinois que nous avions amené pour nous servir d’interprète et de guide, après lui avoir imposé des lois redoutables, fit tout aussitôt le tour de l’ermitage, et vint nous ouvrir la porte où il nous avait laissés.

» Faria, sans autre explication, entra brusquement, et nous ordonna de le suivre. Nous trouvâmes un vieillard qui paraissait âgé de plus de cent ans, et que la goutte retenait assis ; il était vêtu d’une longue robe de damas violet. La vue de tant de gens armés lui causa un mouvement de frayeur qui le fit tomber presque sans connaissance : il remua quelque temps les pieds et les mains sans pouvoir prononcer un seul mot ; mais, ayant retrouvé l’usage de ses sens, et nous regardant d’un air plus tranquille, il nous demanda qui nous étions et ce que nous désirions de lui. L’interprète lui répondit, suivant l’ordre de Faria, que nous étions des marchands étrangers ; que, naviguant dans une jonque fort riche pour nous rendre au port de Liampo, nous avions eu le malheur de faire naufrage ; qu’un miracle nous avait sauvés des flots, et que notre reconnaissance pour cette faveur du ciel nous avait fait promettre de venir en pèlerinage