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le lendemain avec l’avantage de surprendre tous les autres bonzes ; mais il ne tomba dans l’esprit à personne que notre première expédition pût être ignorée jusqu’au jour suivant, et chacun se reposa sur la facilité qu’on se promettait à réduire une troupe de moines sans courage et sans armes.

» Faria donna ses ordres pour la nuit ; ils consistaient principalement à veiller autour de l’île pour observer toutes les barques qui pouvaient en approcher. Mais vers minuit nos sentinelles découvrirent quantité de feux sur les temples et sur les murs. Nos Chinois furent les premiers à nous avertir que c’était sans doute un signal qui nous menaçait. Faria dormait d’un profond sommeil ; il ne fut pas plus tôt éveillé, qu’au lieu de suivre le conseil des plus timides, qui le pressaient de faire voile aussitôt, il se fit conduire à rames droit à l’île. Un bruit effroyable de cloches et de bassins confirma bientôt l’avis des Chinois. Cependant Faria ne revint à bord que pour nous déclarer qu’il ne prendrait point la fuite sans avoir approfondi la cause de ce mouvement ; il se flattait encore que les feux et le bruit pouvaient venir de quelque fête, suivant l’usage commun des bonzes ; mais, avant de rien entreprendre, il nous fit jurer sur l’Évangile que nous attendrions son retour. Ensuite repassant dans l’île avec quelques-uns de ses plus braves soldats, il suivit le son d’une cloche qui le conduisit dans un ermitage différent du premier. Là,