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teur, et dont on prétend que la sainteté s’est fait connaître par plusieurs miracles. Tout l’édifice, dans lequel on compte jusqu’à quatre cent quarante colonnes de trente pieds de hauteur, est de marbre, comme le pavé, et sert aussi de tombeau à trois rois qui ont souhaité d’y être ensevelis avec leurs familles. À l’entrée de ce beau monument on voit une grande citerne remplie d’eau et fermée d’une muraille qui est percée de toutes parts d’un grand nombre de fenêtres. La superstition attire dans ce lieu des troupes de pèlerins. C’est dans le même village que se fait le meilleur indigo du pays.

Une lieue plus loin, on trouve une belle maison accompagnée d’un grand jardin, ouvrage de Tchou-Tchimâ, empereur du Mogol, après la victoire qu’il remporta sur le sultan Mahomet Begheram, dernier roi du Guzarate, et qui lui fit unir ce royaume à ses états. On n’oublia pas de faire voir à Mandelslo un tombeau nommé Bety-Chuit, c’est-à-dire la honte d’une fille, et dont on lui raconta l’origine. Un riche marchand, nommé Hadjóm-Madjom, étant devenu amoureux de sa fille, et cherchant des prétextes pour justifier l’inceste, alla trouver le juge ecclésiastique, et lui dit que dès sa jeunesse il avait pris plaisir à planter un jardin, qu’il l’avait cultivé avec beaucoup de soin, et qu’on y voyait les plus beaux fruits ; que ce spectacle causait de la jalousie à ses voisins, et qu’il en était importuné tous les jours ; mais qu’il ne pouvait leur abandonner un bien si