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qu’ils ont amassé beaucoup de biens, la plupart souhaiteraient d’aller à la Mecque pour y porter de riches présens ; mais le grand-mogol, qui ne voit pas sortir volontiers l’argent de ses états, leur accorde rarement cette permission ; et leurs richesses leur devenant inutiles, ils en consacrent la plus grande partie à ces édifices pour laisser quelque mémoire de leur nom. Entre tous les tombeaux d’Agra, on distingue particulièrement celui de l’impératrice, femme de Schah-Djehan. Ce monarque le fit élever près du Tasimakan, grand bazar où se rassemblent tous les étrangers, dans la seule vue de lui attirer plus d’admirateurs. Ce bazar, ou ce marché, est entouré de six grandes cours, bordées de portiques sons lesquels on voit des boutiques et des chambres, où il se fait un prodigieux commerce de toiles. Le tombeau de l’impératrice est au levant de la ville, le long de la rivière, dans un grand espace fermé de murailles sur lesquelles on a fait régner une petite galerie ; cet espace est une sorte de jardin en compartimens, comme le parterre des nôtres, avec cette différence qu’au lieu de sable c’est du marbre blanc et noir : on y entre par un grand portail. À gauche, on découvre une belle galerie qui regarde la Mecque, avec trois ou quatre niches, où le mufti se rend à des heures réglées pour y faire la prière. Un peu au-delà du milieu de l’espace, on voit trois grandes plates-formes, d’où l’on annonce ces heures. Au-dessus s’élève un dôme qui n’a guère moins