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galerie, élevée d’environ un pied et demi au-dessus du rez-de chaussée. Plusieurs portes qui règnent le long de ces portiques donnent entrée dans les écuries impériales, qui sont toujours remplies de très-beaux chevaux. Tavernier assure que le moindre a coûté trois mille écus, et que le prix de quelques-uns va jusqu’à dix mille. Au-devant de chaque porte on suspend une natte de bambou, qui se fend aussi menu que l’osier ; mais, au lieu que nos petites tresses d’osier se lient avec l’osier même, celles du bambou sont liées avec de la soie torse qui représente des fleurs ; et ce travail, qui est fort délicat, demande beaucoup de patience : l’effet de ces nattes est d’empêcher que les chevaux ne soient tourmentés des mouches ; chacun a d’ailleurs deux palefreniers, dont l’un ne s’occupe qu’à l’éventer. Devant les portiques, comme devant les portes des écuries, on met aussi des nattes, qui se lèvent et qui se baissent suivant le besoin ; et le bas de la galerie est couvert de fort beaux tapis qu’on retire le soir, pour faire dans le même lieu la litière des chevaux : elle ne se fait que de leur fiente, qu’on écrase un peu après l’avoir fait sécher au soleil. Les chevaux qui passent aux Indes, de Perse ou d’Arabie, ou du pays des Ousbeks, trouvent un grand changement dans leur nourriture. Dans l’Indoustan comme dans le reste des Indes, on ne connaît ni le foin ni l’avoine. Chaque cheval reçoit le matin, pour sa portion, deux ou trois pelotes com-