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pleins d’eau, et les appartenons très-riches. De là Mandelslo se rendit par un pont de pierre d’environ quatre cents pas de long, dans le jardin de Nikcinabag, c’est-à-dire joyau, et qui passe pour l’ouvrage d’une femme. Il n’est pas remarquable par sa grandeur, non plus que le bâtiment qui l’accompagne ; mais la situation de l’un et de l’autre est si avantageuse, qu’elle fait découvrir toute la campagne voisine, et qu’elle forme sur les avenues du pont une des plus belles perspectives que Mandelslo eût jamais vues. Le milieu du jardin offre un grand réservoir d’eau, qui n’est composé que d’eau de pluie pendant l’hiver, mais qu’on entretient pendant l’été avec le secours de plusieurs machines, par lesquelles plusieurs bœufs tirent de l’eau de divers puits fort profonds qui ne tarissent jamais. On y va rarement sans rencontrer quelques femmes qui s’y baignent ; aussi l’usage en exclut-il les Indiens ; mais la qualité d’étranger en fit obtenir l’entrée à Mandelslo. Tant de jardins dont la ville est environnée, et les arbres dont les rues sont remplies, lui donnent de loin l’apparence d’une grande forêt. Le chemin qui se nomme Baschaban, et qui conduit dans un village éloigné de six lieues, est bordé de deux lignes de cocotiers, qui donnent sans cesse de l’ombre aux voyageurs ; mais il n’approche pas de celui qui mène d’Agra jusqu’à Brampour, et qui ne fait qu’une seule allée, dont la longueur est de cent cinquante lieues d’Allemagne. Tous ces