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arbres logent et nourrissent une incroyable quantité de singes, parmi lesquels il s’en trouve d’aussi grands que des lévriers, et d’assez puissans pour attaquer un homme : ce qui n’arrive jamais néanmoins, s’ils ne sont irrités. La plupart sont d’un vert brun ; ils ont la barbe et les sourcils longs et blancs ; ces animaux, que les banians laissent multiplier à l’infini par un principe de religion, sont si familiers, qu’ils entrent dans les maisons à toute heure, en si grand nombre et si librement, que les marchands de fruits et de confitures ont beaucoup de peine à conserver leurs marchandises. Mandelslo en compta un jour, dans la maison des Anglais, cinquante à la fois, qui semblaient s’y être rendus exprès pour l’amuser par leurs postures et leurs grimaces. Un autre jour qu’il leur avait jeté quelques amandes, ils le suivirent jusqu’à sa chambre, où ils s’accoutumèrent à lui aller demander leur déjeuner tous les matins. Comme ils ne faisaient plus difficulté de prendre du pain et du fruit de sa main, il en retenait quelquefois un par la pate, pour obliger les autres à lui faire la grimace, jusqu’à ce qu’il les vît prêts à se jeter sur lui.

Le gouverneur d’Amedabad entretient de son revenu, pour le service du grand-mogol, douze mille chevaux et cinquante éléphans. Il porte le titre de radja ou de prince. C’était alors Arab-Khan, homme de soixante ans, dont on faisait monter les richesses à plus de cinquante millions de piastres. Il avait marié depuis peu