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aîné, dont il avait eu la dépouille après lui avoir fait couper la tête, en partie des présens qu’il avait reçus depuis qu’il était monté sur le trône. Ce prince avait moins d’inclination pour les pierreries que pour l’or et l’argent : tels sont les bijoux que l’on mit entre les mains de Tavernier, en lui laissant tout le temps de satisfaire sa curiosité. Il vit encore deux autres perles parfaitement rondes et égales, qui pèsent chacune vingt-cinq ratis et un quart. L’une est un peu jaune ; mais l’autre est d’une eau très-vive, et la plus belle qui soit au monde. Il est vrai que le prince arabe qui a pris Mascate sur les Portugais en a une qui passe pour la première en beauté ; mais quoiqu’elle soit parfaitement ronde, et d’une blancheur si vive, qu’elle en est comme transparente, elle ne pèse que quatorze carats. L’Asie a peu de monarques qui n’aient sollicité ce prince de leur vendre une perle si rare.

Tavernier admira deux chaînes, l’une de perles et de rubis de diverses formes, percés comme les perles ; l’autre de perles et d’émeraudes rondes et percées. Toutes les perles sont de plusieurs eaux, et chacune de dix ou douze ratis. Le milieu de la chaîne de rubis offre une grande émeraude de vieille roche, taillée au cadran et fort haute en couleur, mais avec plusieurs glaces. Elle pèse environ trente ratis. Au milieu de la chaîne d’émeraudes, on admire une améthyste orientale à table longue, d’un poids d’environ quarante ratis, et belle en perfection.