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Un rubis balais cabochon, de belle couleur, et percé par le haut, qui pèse dix mescals, dont six font une once ; un autre rubis cabochon, parfait en couleur, mais un peu glacé, et percé plus haut, du poids de douze mescals ; une topaze orientale, de couleur fort haute, taillée à huit pans, qui pèse six mescals, mais qui a d’un côté un petit nuage blanc ; tels étaient les plus précieux joyaux du grand-mogol. Tavernier vante l’honneur qu’il eut de les voir et de les tenir tous dans sa main, comme une faveur qu’aucun autre Européen n’avait jamais obtenue.

Tavernier, entre plusieurs observations sur Goa, qui lui sont communes avec les autres voyageurs, remarque particulièrement que le port de Goa, celui de Constantinople et celui de Toulon, sont les trois plus beaux du grand continent de notre ancien monde. « Avant que les Hollandais, dit-il, eussent abattu la puissance des Portugais dans les Indes, on ne voyait à Goa que de la richesse et de la magnificence ; mais, depuis que les sources d’or et d’argent ont changé de maîtres, l’ancienne splendeur de cette ville a disparu. À mon second voyage, ajoute Tavernier, je vis des gens, que j’avais connus riches de deux mille écus de rente, venir le soir, en cachette, me demander l’aumône, sans rien rabattre néanmoins de leur orgueil, surtout les femmes, qui viennent en palekis, et qui demeurent à la porte, tandis qu’un valet qui les accompagne