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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/139

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perdant l’espérance d’échapper aux Hollandais qu’ils voyaient prêts à les aborder, ils tirèrent leurs poignards et se jetèrent sur les Anglais, dont ils tuèrent un grand nombre avant qu’ils fussent en état de se défendre. Ils auraient peut-être massacré jusqu’au dernier, si les Hollandais n’étaient arrivés à bord. Plusieurs de ces désespérés ne voulurent point de quartier, et fondant au nombre de vingt ou trente sur ceux qui leur offraient la vie, ils vengèrent leur mort par celle de sept ou huit Hollandais. Le vaisseau fut mené à Batavia, où le général fit beaucoup de civilités aux Anglais, et se hâta de les renvoyer à leur président ; ensuite il fit offrir au roi de Japara l’échange de ses gens pour les Hollandais qu’il avait dans ses fers ; mais ce prince, plus irréconciliable que jamais, rejeta cette proposition avec mépris. Ainsi les esclaves hollandais perdirent l’espérance de la liberté, et les Javans moururent de misère à Batavia.

La mort du capitaine Tavernier, frère de celui que nous suivons ici, mort qui fut attribuée aux débauches qu’il avait la complaisance de faire avec le roi de Bantam, donne occasion à notre voyageur de se plaindre des usages de Batavia. Il lui en coûta, dit-il, une si grosse somme pour faire enterrer son frère, qu’il en devint plus attentif à sa propre santé, pour ne pas mourir dans un pays où les enterremens sont si chers. La première dépense se fait pour ceux qui sont chargés d’inviter à la