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cérémonie funèbre. Plus on en prend, plus l’enterrement est honorable ; si l’on n’en emploie qu’un, on lui donne deux écus ; mais si l’on en prend deux, il leur faut quatre écus à chacun ; et si l’on en prend trois, chacun doit en avoir six. La somme augmente avec les mêmes proportions, quand on en prendrait une douzaine. Tavernier, qui voulait faire honneur à la mémoire de son frère, et qui n’était pas instruit de cet usage, en prit six, pour lesquels il fut étonné de se voir demander soixante-douze écus. Le poêle qui se met sur la bière lui en coûta vingt, et peut aller jusqu’à trente ; on l’emprunte de l’hôpital ; le moindre est de drap, et les trois autres sont de velours, l’un sans frange, l’autre avec des franges, le troisième avec des franges et des houppes aux quatre coins. Un tonneau de vin d’Espagne qui fut bu à l’enterrement lui revint à deux cents piastres ; il en paya vingt-six pour des jambons et des langues de bœuf ; vingt-deux pour de la pâtisserie ; vingt pour ceux qui portèrent le corps en terre, et seize pour le lieu de la sépulture : on en demandait cent pour l’enterrer dans l’église. Ces coutumes parurent étranges à Tavernier, plaisantes, et inventées, dit-il, pour tirer de l’argent des héritiers d’un mort.

Trois jours qu’il eut encore à passer dans la rade de Batavia lui firent connaître toutes les précautions que les Hollandais apportent à leurs embarquemens. Le premier jour, un