l’habileté ; mais de ce côté même elle surpasse toutes les autres nations indiennes, et la plupart ne l’égalent point en bravoure. Sans remonter à ces conquérans tartares qui peuvent être regardés comme les ancêtres des mogols, il est certain que c’est par la valeur de leurs troupes qu’Akbar et Aureng-Zeb ont étendu si loin les limites de leur empire, et que le dernier a si long-temps rempli l’Orient de la terreur de son nom.
On peut rapporter à trois ordres toute la milice de ce grand empire : le premier est composé d’une armée toujours subsistante que le grand-mogol entretient dans sa capitale, et qui monte la garde chaque jour devant son palais ; le second, des troupes qui sont répandues dans toutes les provinces ; et le troisième, des troupes auxiliaires que ses radjas, vassaux de l’empereur, sont obligés de lui fournir.
L’armée, qui campe tous les jours aux portes du palais, dans quelque lieu que soit la cour, monte au moins à cinquante mille hommes de cavalerie, sans compter une prodigieuse multitude d’infanterie, dont Delhy et Agra, les deux principales résidences des grands-mogols, sont toujours remplies ; aussi, lorsqu’ils se mettent en campagne, ces deux villes ne ressemblent plus qu’à deux camps déserts dont une grosse armée serait sortie. Tout suit la cour ; et si l’on excepte le quartier des banians, ou des gros négocians, le reste a l’air d’une ville dépeuplée. Un nombre incroyable de vi-