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bar, pour y remédier et mettre quelque réformation dans ses finances, cessa de payer en argent les vice-rois et les gouverneurs. Il leur abandonna quelques terres de leurs départemens pour les faire cultiver en leur propre nom. Il exigea d’eux, pour les autres terres de leur district, une somme plus ou moins forte, suivant que leurs provinces étaient plus ou moins fertiles. Ces gouverneurs, qui ne sont proprement que les fermiers de l’empire, afferment à leur tour ces mêmes terres à des officiers subalternes. La difficulté consiste à trouver dans les campagnes des laboureurs qui veuillent se charger du travail de la culture, toujours sans profit, et seulement pour la nourriture. C’est par la violence qu’on assujettit les paysans à l’ouvrage. De là leurs révoltes et leur fuite dans les terres des radjas indiens, qui les traitent avec un peu plus d’humanité. Ces rigoureuses méthodes servent à dépeupler insensiblement les terres du Mogol, et les font demeurer en friche.

Mais l’or et l’argent que le commerce apporte dans l’empire suppléent au défaut de la culture, et multiplient sans cesse les trésors du souverain. S’il en faut croire Bernier, qu’on ne croit pas livré à l’exagération comme la plupart des voyageurs, l’Indoustan est comme l’abîme de tous les trésors qu’on transporte de l’Amérique dans le reste du monde. Tout l’argent du Mexique, dit-il, et tout l’or du Pérou, après avoir circulé quelque temps dans