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dans ses armées sont plus anciennes qu’il ne s’en trouve en Europe. On ne saurait douter que le canon et la poudre ne fussent connus aux Indes long-temps avant la conquête de Tamerlan. C’est une tradition du pays, que les Chinois avaient fondu de l’artillerie à Delhy, dans le temps qu’ils en étaient les maîtres. Chaque pièce est distinguée par son nom. Sous les empereurs qui ont précédé Aureng-Zeb, presque tous les canonniers de l’empire étaient européens ; mais le zèle de la religion porta ce prince à n’admettre que des mahométans à son service. On ne voit plus guère à cette cour d’autres Franguis que des médecins et des orfèvres. On n’y a que trop appris à se passer de nos canonniers et de presque tous nos artistes.

Une cour si puissante et si magnifique ne peut fournir à ses dépenses que par des revenus proportionnés. Mais quelque idée qu’on ait pu prendre de son opulence par le dénombrement de tant de royaumes, dont les terres appartiennent toutes au souverain, ce n’est pas le produit des terres qui fait la principale richesse du grand-mogol. On voit aux Indes de grands pays peu propres à la culture, et d’autres dont le fonds serait fertile, mais qui demeure négligé par les habitans. On ne s’applique point dans l’Indoustan à faire valoir son propre domaine ; c’est un mal qui suit naturellement du despotisme que les moglîs ont établi dans leurs conquêtes. L’empereur Ak-